Le temps t’aliène à son errance
vers demain, à sens unique, aucun arrêt, par un chemin dont
il hasarde le tracé au gré du vent de dos qui t’agrippe et te
propulse en avant ; à jamais confiné sur le fil d’un
couteau dans le présent infra-mince, dont le biseau creuse le
futur, évacuant le passé. Derrière toi s’enfuient les
fourches dépassées. Devant, la route est invisible. En plein
brouillard tu fonces à tombeau ouvert dans un corbillard tous
feux éteints. Dans ton rétroviseur voyage le tunnel perçant la
brume dans ton sillage, s’effondrant vite à mesure que tu
avances ; tout au bout, les parages perdent leur
substance, se dissolvent dans l’oubli. Quand ton pare-brise ne
montre qu’écran de fumée, où la surprise guette de l’obstacle
dû et toujours brutal, depuis longtemps dressé à mettre un
point fatal à ta course folle, à cette interrogation ultime
et pétrifiante comme une obsession, face à l’inconnu de
l’échéance en attente : est-elle encore à venir, déjà
imminente ?
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