À la tombée de l’ennui, à
l’heure où le corps perclus repose une fois encore sous le linceul
crépusculaire de l’éveil agonisant, quand la main devient
inutile, sevrée de crayon et de clavier – s’en vient à l’esprit
désarmé une verve évanescente.
Grouillant écheveau de vers
libres, nus sans les atours de la rime, décochés en l’air entre
quatre murs et s’écrasant par terre, faute d’avoir rencontré la
résistance de leur cible, en martelant au sol le rythme lourd du
cœur-tambour cognant dans la poitrine.
Au séisme du soir échu, battent
les tempes à coups de marteau qui enfoncent la tête dans l’oreiller
brûlant, en quête de leur propre écho sur les ténèbres en
vigilance au fond des faux-plis de l’insomnie.
Le tracé fantôme fébrile
colonise la latence des rétines aveugles, renvoie la pensée à sa
genèse haptique, noue son corps filaire en transe suspendue au tempo
muet des airs imaginés, puis à celui lancinant du vide submergeant
la fosse crânienne comme tarit la mélopée intime.
Le non-écrit des pures sensations
s’évapore au creux de l’estomac nocturne : ce déversoir
immense des gargouillis de l’âme, où les mots thaumaturgiques
s’abîment avec frénésie, aussitôt happés, chiqués,
postillonnés, partis en fumée blanche épaissir l’encre de la
mémoire vespérale, hautement volatile, toujours vierge au petit
matin.
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très beau texte et quelle photo évocatrice!
RépondreSupprimerTrès beau texte comme à ton habitude et la photo évoque très bien la nuit agitée.
RépondreSupprimerJe constate que tes nuits sont toujours aussi perturbées par tous ces mots qui dansent dans ta tête....
ps : j'espère que tu vas bien et que tes vacances approche pour te laisser un peu souffler. :-)**
Cette photo me parle de solitude...
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