2012-06-11

"Cellulaire…"

Troublante frontière que le cadre, non dépourvue d’ambiguïté ; dont le but n’est semble-t-il que de contenir la vue au microcosme qu’elle circonscrit, mais qui en même temps qu’elle emprisonne le regard dans son monde étriqué, lui tend les clés pour s’en évader.

Vers l’intérieur surexposant un échantillon du visible, une fraction de réel privée d’un pan de son contexte, où l’attention est condamnée à tourner en rond, n’ayant d’autre issue que de se focaliser davantage sur les mêmes éléments pour chaque fois les redécouvrir ; contrainte de déguster en aveugle cet extrait de monde, sans véritable choix autre que d’y errer, mais surtout, sans promesse de fin ; y creusant un puits sans fond où l’esprit finit par s’abîmer dans un océan de détails en perpétuel mouvement, peu à peu assimilé par la promiscuité de cet encombrement : évasion en quelque sorte par coalescence.

Vers l’extérieur, par tentatives répétées de répondre à l’inévitable question de ce qu’il advient hors champ ; c’est-à-dire envisager tous les possibles – et même au-delà – que le cadre omet, mais n’a pourtant de cesse de suggérer ; révélant ainsi une zone ouverte, floue et mystérieuse, proposée en exclusivité à l’imaginaire et aménageable à sa guise. Un espace d’émancipation absolue évoluant hors des sentiers battus du visible, où la pensée est libre de vagabonder, d’aller fouiner partout, aussi loin et longtemps que le carburant des rêves n’est pas épuisé : fuite en somme par une manière d’extravagance.

Tel est ce double paradoxe du cadre : d’être une prison qui offre la liberté ; selon deux voies mutuelles dont les influences s’établissent en se contrariant. Cadre qui s’apparente à une membrane cellulaire : non pas hermétique, comme on pourrait le croire de prime abord, mais au contraire perpétuant le lien et favorisant l’osmose entre le milieu qu’il enclot et celui exclu ; cadre dont la fragile cohérence dépend là aussi d’un équilibre des pressions : entre l’intérieur en présence et un extérieur en puissance.

2 commentaires:

  1. Sur l'échange les influx remuent et multiplient les points à jonction.

    Nota /écrit avant de lire ton texte ;-)

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    1. Ton commentaire n'en a que plus de saveur et de valeur pour moi !
      Comme écrit sur G+ : osmose ;-)
      Grand merci L.S.

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