Tandis que je m’enfonce plus avant dans une forêt luxuriante, en quête de métal précieux, d’étranges végétaux enroulent plus serrés leurs pleins et déliés, le milieu se fait moins accueillant, plus inconnu, plus oppressant ; l’obscurité plus profonde, le silence plus creux. À chaque pas, le danger de perdre pied, de me perdre tout à fait. Ma progression est si laborieuse et si lente qu’avec mon baluchon sur le dos, tout luisant d’humidité, je ressemble à un escargot bizarre lancé imprudemment dans un périple qui le dépasse : à son échelle, infini. Et malgré ce que j’endure, malgré les vicissitudes de mon errance, poussé sans doute par quelque obscure nécessité, je m’entête à suivre tant bien que mal un sentier non tracé. Et chaque fois que je suis près de renoncer, que ma réserve d’espoir et de courage est sur le point de s’épuiser, comme un fait exprès, surgit une nouvelle pépite, offerte étincelante, de la boue noire où s’abîment mes pas ; qu’il me suffit de ramasser. Et chaque fois, comme un fait exprès, l’étincelle de ce calcul rare illumine assez de perspective pour m’attirer encore vers ce dernier horizon – m’entraînant toujours plus loin au cœur des ténèbres ! |
Comme un rêve éveillé, ce texte me parle. Tu touches à l'universel de nos ressentis et tu nous entraînes dans ce que la destinée, nos destinées humaines enténébrées portent cachées; la fulgurance, l'éblouissement, ce qui nous appelle et nous échappe...
RépondreSupprimerFrançoise
Merci infiniment Françoise pour ce généreux et très inspiré commentaire qui ouvre à mon modeste écrit une nouvelle perspective passionnante. Magie de la poésie qui projette en pleine lumière pour les autres ce qu'elle n'a cessé de tenir entre chien et loup pour moi-même, ne me révélant que par intermittence la pointe de l'iceberg dans le tumulte des flots !
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