Que serais-je sans toi, ma chère
barre à mine ?
Lorsque j’ai trop faim de pierres
et de poussière, je me nourris par toi.
Tu es la pointe à excaver ma terre,
à me remplir le ventre de gravats.
Et pour ne pas te perdre, je te
serre toujours trop fort.
À blanchir mes phalanges sur tes
rondeurs pincées.
Et c’est pourquoi tu me crains, et
c’est bien normal – et je crois que c’est réciproque.
Et coincée dans ma main je te sens
transpirante.
Et tu rends ma peau moite – ou
peut-être est-ce moi.
Et pour que tu ne glisses pas
d’entre mes doigts, je me crispe sur toi davantage encore.
Et je réalise qu’entre nous il
est souvent question de hautes pressions !
La faim me noue l’estomac.
Et malgré cela, c’est plus fort
que moi, je joue avec toi !
Desserre mon étreinte, à presque
te lâcher.
Tourne la tête, regarde en l’air,
feins de te laisser le champ libre.
Et tu finis par croire que je t’ai
oubliée – comme si je le pouvais !
Mais à peine roules-tu dans ma main
que je la contracte aussitôt.
Puis je recommence…
Tu ne peux m’échapper, tu es ma
prisonnière.
Ma proie – comme d’ailleurs je
suis peut-être aussi la tienne.
Je te malaxe du bout des dents, te
mords du bout des doigts.
Tu es ma souris et je suis ton
chat !
Je te goûte, je te lèche, je te
garde au fond de ma gueule.
Fais durer mon plaisir, avec
délicatesse, celle du prédateur, si cruelle !
Pour te sentir palpiter sur ma
langue et m’enivrer de la tiédeur de ton corps.
Et de ce goût d’angoisse qui
m’emplit la bouche.
Jusqu’à
ce que
ma faim devienne insupportable.
Qu’il
soit temps d’en finir !
De
te confronter au linceul, de t’éroder
contre
son
grain.
Vibrer
de ton souffle
tandis
que
tu
crisses,
écorchée !
Et
que
s’allongent
sur
fond
blanc
les
traînées
de
ton
sang noir !
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Par le graphite s'approcher à la chair palpitante, le sang en alerte. A plein corps, arôme excitant. //
RépondreSupprimerHeureuse, David, de te lire ainsi ;-)
Merci L.S. ! Ravi que soit heureuse "de me lire ainsi" :-) Je doute tant avant de publier un texte, comme tu t'en doutes ;-) Ce graphite me hantait depuis quelque temps déjà :-) Et je suis certainement autant, si ce n'est plus, heureux que toi "de te lire ainsi" ! Je ne m'en lasse pas ;-)
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