Scribe il me faut défroisser un nouveau papyrus. Un parmi ceux que je garde précieusement roulés au fond de mon crâne. – Combien en reste-t-il ? Est-ce le dernier déjà ? – Ensuite humecter mon fidèle pinceau, entre-temps asséché. Le laver de la croûte des écrits passés. Avant de me jeter à l’encre une fois de plus.
J’observe ma main fatiguée : sa peau qui avance parchemin, ses veines envasées tels des oueds qui ont soif. Je sens ses tremblements derrière mes hésitations. Combien de temps encore à la maîtriser ? Avant que les souvenirs ne s’estompent ; que le souffle retombe ; que les points d’exclamation à force d’érosion s’aplanissent en points de suspension.
Dérive des continents : première étape au bénéfice du doute. Du vide qui disloque chaque paragraphe, chaque phrase, chaque mot enfin. Jusqu’à une poussière de caractères privés de sens ; se repoussant et s’éloignant toujours davantage les uns des autres. Expansion infinie d’un univers voué au zéro absolu. Dilution fatale : deuxième étape conduisant au néant.
Puis la récession du temps face au délai qui s’allonge avant l’étoile suivante ; avant la possibilité d’une illumination. Ainsi la rareté exponentielle des hiéroglyphes inconnus : les seuls qui m’intéressent.
Ratures dès lors…
Jusqu’au moment décisif. Le point de non-retour où je n’aurai plus droit qu’à un seul essai. Préfigurant l’ultime. |
C'est étrange comme souvent les fleurs savent rester belles, même dans leur propre mort...Osiris au corps déchiré, rassemblé par l'amour. :)
RépondreSupprimerNon seulement les fleurs (comme beaucoup de végétaux d'ailleurs) savent rester belles dans leur propre mort, mais souvent leur déchéance transcende leur beauté pour atteindre au sublime (cf. Kant à propos du beau et du sublime). Et c'est d'ailleurs dans ces moments paradoxaux d'extinction et de rayonnement que je préfère photographier les végétaux, lorsqu'ils sont en train de se "minéraliser", de se transformer en bijoux.
SupprimerMerci Désirée. J'apprécie tes visites. Que l'inspiration soit avec toi :-)