Scribe il me faut défroisser un nouveau papyrus. Un parmi ceux que je garde précieusement roulés au fond de mon crâne. – Combien en reste-t-il ? Est-ce le dernier déjà ? – Ensuite humecter mon fidèle pinceau, entre-temps asséché. Le laver de la croûte des écrits passés. Avant de me jeter à l’encre une fois de plus.
J’observe ma main fatiguée : sa peau qui avance parchemin, ses veines envasées tels des oueds qui ont soif. Je sens ses tremblements derrière mes hésitations. Combien de temps encore à la maîtriser ? Avant que les souvenirs ne s’estompent ; que le souffle retombe ; que les points d’exclamation à force d’érosion s’aplanissent en points de suspension.
Dérive des continents : première étape au bénéfice du doute. Du vide qui disloque chaque paragraphe, chaque phrase, chaque mot enfin. Jusqu’à une poussière de caractères privés de sens ; se repoussant et s’éloignant toujours davantage les uns des autres. Expansion infinie d’un univers voué au zéro absolu. Dilution fatale : deuxième étape conduisant au néant.
Puis la récession du temps face au délai qui s’allonge avant l’étoile suivante ; avant la possibilité d’une illumination. Ainsi la rareté exponentielle des hiéroglyphes inconnus : les seuls qui m’intéressent.
Ratures dès lors…
Jusqu’au moment décisif. Le point de non-retour où je n’aurai plus droit qu’à un seul essai. Préfigurant l’ultime. |