2012-05-29

"Mots d’ordre…"

Braver les courants d’ère ;
Contre la marge à quai
Amarrer train flottant
Du long souffle coupé ;
Avant d’aller jeter
L’encre mise au point mort
Sur l’ultime billot ;
Puis de ce pont d’envol
Tenir tête d’affiche
Fin prêt à endurer
Les rouges coups de l’âme.

2012-05-28

"Coupe rose…"

Pupilles à sec
Vide d’élytre et d’élytre
Où tout est si rose

2012-05-23

"Feux de route…"

Toujours cherche l’ombre
Qui illumine ton champ
Par deux fleurs ouvertes

2012-05-21

"Dose iris à ras…"

Scribe il me faut défroisser un nouveau papyrus. Un parmi ceux que je garde précieusement roulés au fond de mon crâne. – Combien en reste-t-il ? Est-ce le dernier déjà ? – Ensuite humecter mon fidèle pinceau, entre-temps asséché. Le laver de la croûte des écrits passés. Avant de me jeter à l’encre une fois de plus.

J’observe ma main fatiguée : sa peau qui avance parchemin, ses veines envasées tels des oueds qui ont soif. Je sens ses tremblements derrière mes hésitations. Combien de temps encore à la maîtriser ? Avant que les souvenirs ne s’estompent ; que le souffle retombe ; que les points d’exclamation à force d’érosion s’aplanissent en points de suspension.

Dérive des continents : première étape au bénéfice du doute. Du vide qui disloque chaque paragraphe, chaque phrase, chaque mot enfin. Jusqu’à une poussière de caractères privés de sens ; se repoussant et s’éloignant toujours davantage les uns des autres. Expansion infinie d’un univers voué au zéro absolu. Dilution fatale : deuxième étape conduisant au néant.

Puis la récession du temps face au délai qui s’allonge avant l’étoile suivante ; avant la possibilité d’une illumination. Ainsi la rareté exponentielle des hiéroglyphes inconnus : les seuls qui m’intéressent.

Ratures dès lors…

Jusqu’au moment décisif. Le point de non-retour où je n’aurai plus droit qu’à un seul essai. Préfigurant l’ultime.

2012-05-18

"Cadran tutélaire…"

Contre creux où l’âme,
La prose des vents, stoïque,
Conserve le cap.

2012-05-16

"L’être ange…"

À la tombé du ciel
Levant le rideau entrechats
Sur la pointe des ailes
Enfilent leur pas dans le chas
D’une trompe acérée
Ballet de corps idéogramme
Sur la scène éclairée
Jouant la pleine ombre d’un drame
Sans musique ni mots
Jusqu’au dernier acte de danse
Inscrit sur le carreau
Ayant tiré sa rémanence

2012-05-14

"L’empreint temps…"

Passé antérieur
Est horizon du futur
Au contre la montre

2012-05-11

"Fil de plaie…"

Pourpre suture infrangible
Côte à côte tient l’ennui
L’être-au-point dans le visible
Contre flou et contre nuit
Rongés du même inconnu
Cousant la plaie entre mondes
Bord à bord en fil ténu
Trempé d’encre vagabonde

Suer à gros mots fragments
D’essayer trouer le blanc
Me direz-vous : « Dérisoire !
Non sens ! Folie ! Sans espoir ! »
Et vous crierai-je : « Peut-être… »
L’air penché à ma fenêtre

2012-05-02

"Maldonne à voir…"

Fleur déchirure.
Une maille ratée dans le tramage des nuits.
Cet accroc révélant la peau blanche des rêves.
Un ridicule trou épris de lumière, comme un piège à regard.
Et suivre sans fin chaque fil qui dépasse.

Fleur oasis.
Ombre à la peine sur la page déserte.
Cette goutte d’encre sur le buvard de l’âme.
La brûlure glacée de l’évaporation, prélude au temps séché.
Et la longue marche jusqu’au point d’eau.

Vide de la clarté aveuglante comme des ténèbres éblouissantes.
Quand tout s’efface demeure l’invisible.
Et voir enfin l’impossible à voir.