2012-02-29

"Psy rose…"

Te croisant au jardin
Fleur d’Hiver à sa fin
Prostrée en ta nécrose
Fatale de vieille rose
Je te regarde telle
Toi qui fus hier si belle
Au parfum si capiteux
De ton corps calamiteux
Reste l’ombre passée
De rares pans froissés
Tombants lambeaux de nuit
Pesant comme un ennui
Je te regarde triste fleur
Gâtée je sens ton odeur
Que les abeilles fuient
Pas même devenue fruit
Déchue c’est tout n’inspirant
Désormais nul soupirant
Je te regarde et parcours
D’un trait brisé ton contour
Déroule tes haillons
Noirs boudés des papillons
Je te regarde et tes plis
M’écrouent en mélancolie

2012-02-27

"Fil de nerf barbelé…"

Quand le jour est repris avec des bouts de nuit,
Que l’arbre décharné luit, ossature pâle
Entortillant l’esprit en ses barreaux crayeux,
Que sous leur suaire à vif, bavent des revenants
Et que d’un souffle court clignote l’aile immense,
Virgules du silence exhumées du béant,
S’écrasent des corbeaux dans un désert de sel !

2012-02-22

"Transport trait…"

Au hasard s’accroche
À l’œil hagard d’un distrait
Las traits de la roche

2012-02-21

"Peu aux foudres…"

Est un ciel en terre
Aux nuées de pierre

Ni traits de tonnerre
Ni coups de lumière
Pour briser la nuit

Mais le frêle éclair
D’un fétu austère

Larme à l’œil de verre
D’un vain reporter
Trompant son ennui

2012-02-17

"Perfusion…"

Dehors lutte arbuste transi
Recroquevillé en fond d’ombre.
Rêvant chaleur de son bois sombre
Se serre contre sans-abri.

Temps pris en glace ralentit.
Sent ses iris cristalliser
Et tremble imaginant casser
Brindilles et doigts engourdis.

L’arbre est muet, se tait aussi,
Réfugiés en leurs solitudes
Où il ne brume qu’hébétude
Et deux poumons qui s’asphyxient.

Où ne révèlent éclaircies
Que baies brûlantes de son sang
Transfusé au buisson ardent
Trop près duquel il est assis.

2012-02-16

"Côté jardin…"

En ce lieu de ma solitude, de ma petite errance,
Havre de mon silence,
J’avance tête basse,
Mine en l’air, tout là-haut dans l’espace.
Y rejoint, mon âme, sa famille d’accueil :
Faune timide sous les pierres, herbe folle, vols de feuilles.

Souvent même, ayant beaucoup pensé, beaucoup marché,
L’oublie là, dans un coin où, espiègle, elle s’était cachée.
Mais lorsque je reviens (car je reviens toujours), suivant une pensée,
Je la retrouve là, tranquille, où je l’avais laissée.
Couchée dans le berceau ballant de mon silence,
Havre de ma petite errance.

2012-02-15

"Mal entendus…"

Dialogues…
Jour sombre
Nuit blanche
Ombre aperçue
Hors cadre
Mur horizon
Sans espoir
Nettement flou
Tête creuse
Corps et âme
Cri sans voix
Bouche cousue
Rire amer
Mots liquidés
Paroles sèches
Page déserte
Froid cuisant
Fleur béante
Arbre mort
Chaise vide
Porte close
Rien trouvé
Autre lieu
Temps perdu
Plus ou moins
… De sourds

2012-02-13

"L’haleine de roche…"

De tête fossile
Envolées à feuilles mortes
Choient les vers de pierre

2012-02-12

"Immersion…"

La feuille irriguée de lumière
Semble vue d’en haut une terre
Fractale toile de neurones
Prenant au piège des axones
Mes bancs de pensées poissons
Que le courant charrie sinon
Jusque un vaste océan vidoir
Les engloutissant dans un noir
De sang encre d’abysses vides
Sur un drap de pages livides

La feuille tramée de lumière
Retient mes gouttes buissonnières
Éclaboussures de cerveau
Lorsque je secoue toute l’eau
Hors ma mémoire en apnée
D’oiseau de mer époumoné
À boire sous les frondaisons
La tasse d’un autre horizon

2012-02-10

"Concrétion…"

De larme sur larme
Monte stalagmite
Par l’arbre qui pleure
Sa fleur enfantée
En douleur offrande
Au soleil futur

2012-02-08

"Fenaison…"

À fleur de vieille peau
Cicatrices des mots
D’encre rouge séchant
Souffle dernier léchant
Ce parchemin qui roule
S’enroule
En bandage à mémoire
Sur brûlures noires
Traces de poudre
De coups de foudre
Muets Pas un éclair
Ni nuages en l’air
Mais un ciel fripé perforé
Hors des plis déchiré
De rage
Non d’orage
Essorant seule averse
Un grand vide qui verse
Sa béance en tout
Et pour tout

2012-02-06

"Tuteurs…"



Entonnez par chœur
Jeunes pousses enrôlées
L’air droit du bâton

2012-02-02

"Vague à l’âme…"


S’abîmant en la contemplation d’une eau calme, l’âme, bercée et envoûtée par l’ample ondulation du liquide hypnotique, finit par se détacher du corps. Tombe feuille morte entre les dunes mouvantes du miroir déformant.

Frêle embarcation désormais, livrée à elle-même, prend aussitôt le large et s’éloigne. Vers l’horizon idéal, promesse de la vague. Et mollement ballottée par les flots qui titubent, tangue et roule avec eux jusqu’au vertige, ivre de suivre la cadence de leurs pas de danse.

– Ignorant que ces tourbillons innocents qui l’emportent, ferment les mailles concentriques d’une toile fatale ; qu’elle est prise déjà au chant magnétique du maelström béant qui l’aspire au centre de sa valse !