Terme de l’été. Novice oiseau est mué. Jetée
sa terne et hirsute barboteuse ! Il arbore désormais un tout
neuf bel habit dont fièrement déploie la cape irisée –
magnifique ! Est temps pour lui de quitter la feuillée :
au bord du nid se percher, saisir le bras du vent, faire le grand
plongeon. Quand de sa branche il se détache, embarque l’oiseau sur
le vol inaugural de sa ligne exclusive : volée première d’un
périple hasardeux jusqu’aux confins de sa vie ; pour cette
belle saison qui l’a vu naître, début de l’agonie. Temps de
l’inexorable étiolement des limbes, dorénavant superflus ;
des feuilles surannées qui n’ont plus rien à perdre et chaque
jour osent l’outrance davantage de folles tenues, plus
excentriques, plus consumées toujours d’incarnats incendiaires,
d’ocres brûlantes, d’ardentes mordorures : voulant chacune
rivaliser avec la mise flamboyante du jeune oiseau qu’elle couvait
naguère, quand sera venue l’heure à son tour de voyager, lui
ressembler assez pour pouvoir le rejoindre. Mais tandis que l’oiseau
enchaîne les escales, lorsque cède la feuille aux assauts du vent
et de sa branche s’élance, elle n’entreprend qu’un direct
aller simple qui la déposera au terminus de son bref périple !
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