2015-09-05

"Courant d’erre…"


Cheminement hors points de repère,
abîme des yeux au fil des rivières,
le dos à soulever chaque pierre
sale : l’espoir répété sous terre
d’aérer l’éclat augurant la lumière
d’un combien précieux minerai d’enfer ;
puis à mains nues s’écorcher de l’extraire,
puis en fondre la matière première
sonore d’un vibrant chant stellaire
mis en musique par l’univers,
au royaume affranchi de frontières
où des orages immobiles, sans tonnerre
essorent un ciel noir luisant de poussière
inondant de pigments les pouponnières
immenses des futurs vents solaires.

Naufrage de l’esquif solitaire
cherchant l’ultime harmonie à faire :
le sublime chef-d’œuvre unitaire
à bomber le sens d’une survie précaire,
pour qu’il reste au moins cette prière
aiguë fichée en plein cœur du désert
comme une belle tombe étrangère
oasis qui dresse en haute mer
son écueil sauvage cerné de colère ;
où, accomplie leur orbite polaire,
viendront se poser aux côtés de l’hiver
d’insolents oiseaux qui échaufferont l’air
froid de leurs vagissements funéraires
hissant en buée drapée sur l’atmosphère
les couleurs d’un thrène aux franges lunaires.

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