L’étape est franchie, l’année
aïeule a vécu et enfin cédé sa place à l’année nouveau-née.
Un cycle recommence. À ses prémices, l’espoir ressuscité,
intact, épargné un temps de la corrosion des 365 jours venant, qui
fatalement le dévorera, presque en totalité. Mais pour l’instant
court encore la période des vœux, de toutes ces meilleures choses
que l’on ne manque pas de se souhaiter, comme le réclame la
tradition, au sein des familles, entre amis, entre collègues, et
parfois même entre inconnus ! Avec peut-être chaque fois un
soupçon d’égoïsme, l’arrière-pensée que cette année la
manne ainsi offerte ne soit pas toute dilapidée afin que nous en
bénéficiions d’une parcelle au moins. Parce qu’il faut bien le
reconnaître, l’an dernier encore ne fut pas propice à la
réalisation des souhaits prodigués : des tracas interminables
et de pénibles épreuves ont peu à peu eu raison de l’optimisme
initial, demandant beaucoup d’efforts pour être surmontés, des
efforts qui auraient sûrement mérité qu’un vœu fût exhaussé
en guise de récompense que nous comptons bien obtenir cette fois !
Bref,
au départ de chaque année nouvelle, durant
une
poignée de semaines,
tous les espoirs semblent
permis : l’abattement
de
la veille
a
soudain
disparu,
effacé comme par magie
avec
la remise à zéro du calendrier ;
une
aube inédite, parée
du lustre propre
aux articles
tout neuf,
éclaire
un
horizon dégagé.
Ma pauvre âme cependant demeure prisonnière d’un compte à
rebours infernal, la ramenant sans cesse aux mêmes temps déchus, la
condamnant aux seules pensées défuntes, vêtues de mots en noir.
Ces mots déjà maintes fois usés, au cours des années passées,
contre les mêmes pages immuables, toujours pareillement nues et
effroyablement revêches !
À quand le prochain jour d’élan ?
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