2012-07-13

"L’à part de l’ombre…"

Tout est si calme. Les oiseaux se sont tus, les papillons posés, les souffles suspendus… Un bref instant le monde s’est arrêté. Tout est si calme… et pourtant… une bataille fait rage !

L’éternel combat sans issue pour la lumière qui affronte l’ombre ! Dans le calme. Tout est si calme. Vagues de blanc qui montent à l’assaut du noir, lâchant écume prise dans l’ébène. Deux armées du silence opposé à lui-même : celle du jour qui se tait en s’immisçant partout pour débusquer la nuit ; nuit percée qui ne gémit pas, ne dit rien, ne dit jamais rien.

Parce que l’ombre est indifférente, l’ombre ne se défend pas ! Sûre d’elle, comme la mort, calme, inéluctable, elle sait bien que son heure viendra. Elle vient toujours ! Parce que rien n’a de prise sur la nuit, rien ne peut l’effrayer. Pas même le temps, encore moins l’espace. L’ombre est intemporelle, universelle, infinie ; l’ombre est peur elle-même ! Qu’importe la lumière, qu’importe sa puissance, la nuit survie toujours, gagne tous ses duels. L’obscurité domine. Sans partage ! Submerge tout, aplanit tout, imposant la table rase d’un vide insondable, ni surface ni profondeur. On sait la nuit des temps, vieille maîtresse du néant, sombre matrice des étoiles. Quand la lumière pour briller, réclame l’obscurité, la nuit se suffit à elle-même – à la fois berceau et tombeau de la clarté, fondant l’univers.

On peut éteindre la lumière, l’affaiblir, l’enlaidir, la parer de couleurs ; on peut la détourner, la contrôler, la diriger et même la produire ! Elle est malléable, corvéable à merci, disciplinée. Mais pas l’ombre. Jamais ! La nuit n’obéit pas, ne faiblit pas, ne s’éteint pas. Jamais ! L’ombre est d’un seul tenant, égale à elle-même, indissociable, immuable. Tout autant qu’insaisissable ! La lumière peut être capturée, mais pas l’obscurité. C’est impossible ! On n’emprisonne pas ce qui est déjà là, partout, omniprésent – jusque sous la lumière, en embuscade. Toujours !

Même écrire est un rapport à l’ombre : pas du tout mettre noir sur blanc, mais gratter l’illumination, exhumant les ténèbres en dessous… toujours !

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